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A l’heure où les Genevois s’apprêtent à voter pour ou contre une assurance dentaire solidaire (la votation aura lieu le 10 février prochain), la Suisse se divise toujours quant aux conséquences d’une telle mesure. En effet, jusqu’à présent, les soins dentaires ne sont remboursés par l’assurance maladie de base que lorsqu’ils sont consécutifs à une maladie. Cela veut dire que  l’assurance maladie ne prend en charge ni les soins de carie, ni les visites chez l’hygiéniste, ni les implants dentaires ni aucun traitement orthodontique… Le seul moyen d’être couvert pour ses soins dentaires est de souscrire une assurance complémentaire soins dentaires. La prime d’assurance maladie représentant déjà un certain budget, tout le monde ne peut pas y ajouter une assurance complémentaire. Le résultat est qu’une bonne partie de la population suisse renonce aux soins dentaires pour des raisons financières.

En mars dernier, le canton de Vaud a déjà voté non à plus de 57% à la mise en place d’une assurance dentaire solidaire. Pourtant, ce projet était soutenu par de nombreux partisans.

Alors pourquoi la problématique de l’assurance dentaire divise-t-elle autant les Suisses ?

Les arguments pour l’assurance dentaire : tout le monde devrait pouvoir profiter d’une bonne santé bucco-dentaire

Pour les partisans du projet d’assurance dentaire solidaire, il est évident que la santé bucco-dentaire est essentielle. Les dents et la bouche sont des organes du corps humain et la santé des dents a un impact prouvé sur la santé du reste du corps. Ainsi, une mauvais santé bucco-dentaire augmente le risque de maladies cardiovasculaires et d’accouchements prématurés.

A l’inverse, on ne peut pas tenir pour responsable de problèmes dentaires la mauvaise hygiène bucco-dentaire d’un patient : il ne suffit pas forcément de se brosser les dents trois fois par jour et de faire une visite annuelle chez l’hygiéniste pour éviter tout problème dentaire. En effet, certains problèmes de santé tels que le diabète, les cancers ou la dépression peuvent être à l’origine de problèmes dentaires et ce, malgré la meilleure hygiène dentaire du monde.

De la même façon, les problèmes de santé sont plus fréquents en prenant de l’âge (les seniors doivent faire plus attention à leurs dents) et certains états, comme la grossesse, favorisent les problèmes dentaires.

De nombreux assurés renoncent aux soins dentaires faute de pouvoir les financer… ou décident d’aller se faire soigner ailleurs. Dans de nombreux pays d’Europe, les soins dentaires sont en effet moins onéreux qu’en Suisse et nombreux sont nos concitoyens à passer la frontière pour se faire soigner.

Il faut noter aussi que même parmi la classe moyenne, les soins dentaires représentent un budget important et parfois difficile à financer. Les assurés paient bien leur facture du dentiste mais doivent sacrifier d’autres postes de budget comme les vacances ou les loisirs des enfants. La problématique des soins dentaires ne concerne donc pas que la minorité la plus pauvre.

Enfin, une assurance dentaire solidaire qui couvrirait le dépistage permettrait à plus de patients de se faire dépister et diminuerait ainsi sur le long terme les coûts de santé bucco-dentaire.

Les arguments contre l’assurance dentaire : la santé bucco-dentaire de la population suisse est excellente

La Suisse présente en moyenne une meilleure santé bucco-dentaire que ses voisins européens. C’est sans doute en grande partie grâce aux campagnes de prophylaxie qui ont été mises en place ces dernières années. Les Suisses sont ainsi les champions du brossage de dents. Or, tous les médecins-dentistes vous diront que se brosser les dents trois fois par jour et passer chez l’hygiéniste une fois par an réduit considérablement les problèmes bucco-dentaires.

Une assurance dentaire solidaire pourrait aggraver les problèmes bucco-dentaires car les Suisses deviendraient plus négligents vis-à-vis de la santé de leurs dents et cela risquerait donc sur le long terme d’augmenter les coûts de la santé.

De plus, cette assurance semble compliquée à mettre en place. Il faut déjà définir ce qui sera remboursé par l’assurance dentaire en question. Le dépistage ? Les implants ? Les appareils orthodontiques ? Peut-être faudra-t-il négocier un tarif avec les médecins-dentistes, ce qui ne sera pas une mince affaire. Selon les cas, le financement de ce projet via le modèle AVS (comme proposé par l’initiative populaire genevoise) risque d’être insuffisant en plus d’augmenter le coût du travail.

Pour le pourcentage de la population (plutôt minoritaire même si les chiffres se contredisent) qui n’a pas accès aux soins dentaires, améliorer encore la prévention et le dépistage pourrait être une piste à envisager à la place d’une assurance dentaire coûteuse et pas forcément si utile.

Le débat sur l’assurance dentaire est donc ouvert et ne sera pas clôturé de sitôt en Suisse. En attendant le verdict du 10 février, nous ne pouvons que vous recommander de vous brosser régulièrement les dents pour éviter les caries et autres problèmes dentaires.